22 avril 2007

Autopromotion

Moi aussi je veux être une star. Je veux qu’on fasse un reportage sur moi dans la Semaine, incluant des photos paisibles de moi de profil en avant de mon jardin tout en fleurs (ok, peut-être pas MON jardin, parce qu’il n’a pas vraiment de fleurs… ou de caractéristiques d’un jardin finalement… peut-être en avant de mon cactus de Noël?) avec AdoW et Simon respirant la santé et la joie de vivre et Mari Chéri me dévisageant avec adoration. Je veux qu’on Photoshoppe mon double menton et ma repousse blanche et qu’on transforme digitalement ma jaquette en flanallette pleine de trous en une fabuleuse robe de soirée Prada vert émeraude en grandeur 16 ans. Je veux qu’on parle de mon courageux combat contre le bourrelet disgracieux avec admiration et qu’on documente soigneusement pour les générations futures chaque parole qui passe mes lèvres (sauf quand je me chicane avec Mireille la vieille malcommode de la cafétéria et que c’est elle qui a raison et que je le sais).

Et je veux publier un livre moi aussi. Alors, dans la tradition du Secret, je lance mon message à l’univers : voici cinq raisons pour lesquelles je serais une auteure publiée fan-tas-ti-que :

1. Je n’ai pas froid aux yeux : votre budget d’éditeur miteux est limité et vous voulez faire le lancement du livre dans un stationnement de Costco? Pas de prob. Je sors la carte de membre et me porte volontaire pour acheter la chaudière d’olives farcies lorsqu’on manquera de petites saucisses à cocktail enrobées de bacon.

2. J’ai beaucoup d’amis dans la communauté artistique. J’ai pris l’avion avec Daniel Pilon, l’ascenseur avec Daniel Bélanger et j’ai mangé au resto avec Luc Picard (ok, c’était plus comme dans le même resto, mais on partageait une serveuse, et on a pigé dans le même petit bol de bonbons anti-mauvaise-haleine).

3. Mon outfit de bohémienne de Greenfield Park est déjà prêt pour le tourbillon d’événements médiatiques qui serait sûrement suscité par le lancement d’un livre aussi marquant. J’ai même trouvé un moyen de décoller les morceaux de dip à l’oignon qui s’étaient malencontreusement logés dans la frange au party de Noël du bureau.

4. En parlant de médias, je suis comme un caméléon : on m’envoie à Tout le monde en parle, je suis terrifiée et soumise, à On a pas toute la soirée, je fais semblant de ne pas trouver Éric Salvail gai, au télé-journal, je discute de la situation de la femme en Afghanistan avec assurance et introspection : après tout, quelle femme n’a pas à un moment donné revêtu le voile pour son homme? (dans mon cas, c’était plus comme un chapeau de pêche avec moustiquaire intégré et la veste kaki assortie, toute nue en dessous, pour jouer à la petite truite cochonne avec Mari Chéri, mais ça c’est un tout autre billet)

5. Le marketing, je connais ça. Vous voulez une aventure lesbienne scandaleuse avec Mitsou? Check. Un gros problème de boisson/drogue/jeu? Une fin de semaine à Québec devrait suffire. Une maladie mystérieuse qui me ferait perdre 40 livres et rajeunir de 10 ans? Injectez-moi le virus svp!

Bref, si vous êtes un éditeur très ouvert d’esprit et que vous recherchez le prochain Harry Potter, en plus débile et moins magique quand même, je suis votre déesse. Ne ratez pas cette occasion de partager le fruit de plusieurs années de névrose... euh... je veux dire expérience, avec le monde entier!

12 avril 2007

Entrevue choc

LadyW: «One, two, one two. Ça a l'air de marcher. (ton professionnel) Alors, je suis ici avec Patrick Huard (et ses pectoraux magnifiques) qui va nous parler de son dernier film, "Bon Cop, Bad Cop II: la revanche de la tête carrée masquée." »

PH, un peu gêné: «En fait, c'est pas vraiment ça le nom du film, c'est "Bon Cop, Bad Cop II: la revanche du tueur masqué."»

LadyW, impatiente: «Oui, mais la relationniste m'a dit que le tueur finit par être un anglais, donc mon titre est beaucoup plus précis, non?"

PH, confus: «Oui, mais si on dit tout de suite au public c'est qui le tueur, ils n'auront pas de fun à voir le film.»

LadyW, réfléchissant tout haut: «Ben là, ça dépend. Dedans, est-ce que tu portes ta casquette méga affreuse de chauffeur dans Taxi?»

PH: «Euh, ben, non.»

LadyW, très business: «Good. Est-ce que ton personnage est toujours un macho colon mais étrangement séduisant comme un épisode d'Occupation double?»

PH, intrigué: « Oui…»

LadyW: «Parfait. Finalement, et ça c'est crucial, est-ce-que dans le film tu couches avec une jolie greluche dans le cadre d'une aventure passionnée vouée à un échec inévitable parce qu'elle est en fait soit folle à lier, soit la blonde sadique du tueur, soit l'ex de ton partner anglais pogné, ou les trois?»

PH, épaté: «Oui, oui et oui! Comment vous avez fait…»

LadyW: «Don't ask. T'inquiète pas, c'est un tabac garanti, en autant qu'on voie bien tes pectoraux sur le poster… Un t-shirt déchiré peut-être? »

PH, le regard plein de possibilités: « Ou une chemise déboutonnée…»

LadyW, vraiment inspirée: « Ou pas de chemise pentoute? Ou une camisole, pas une dégueu comme celles de Dan Bigras, plus comme Calvin Klein serrée et un peu transparente… »

(Silence de trente secondes. On sent presque leurs pensées entièrement tournées vers une vision de la poitrine dénudée de Patrick, ses longs poils noirs frisés s'agitant au gré de la douce brise montréalaise…)

LadyW, retrouvant ses esprits: «Bon ok, le nouveau film… (bruit de papiers) Alors, mon beau Patrick, est-ce que t'as été obligé d'aller tourner à Toronto?»

PH, surpris: «Euh, oui. »

LadyW, ton désolé : « Pauvre toi.»

(Un autre silence de 10 secondes. D'autres bruits de papier.)

LadyW: «Et puis, est-ce que l'anglais qui joue ton partner porte des collets roulés la fin de semaine aussi?»

PH, encore plus surpris: «Ben là, j'sais pas. »

LadyW, impatiente: «Bon ok. Parle-moi du film d'abord. »

PH, du soulagement dans la voix: «Oui, parlons du film. Alors Érik et moi voulions que la suite se positionne rapidement comme un bel exemple du paradigme canadien, un peu comme une critique sociale mais qui met en valeur la véritable contribution…»

LadyW, interrompant: «Non non non, je veux que tu me parles de quelque chose d'intéressant. Par exemple, y'a tu plus de scènes de fesses dans celui-là?»

PH, un peu froissé: «En effet, mon collègue, joué par Colm Feore, débute une belle histoire d'amour avec mon ex-conjointe jouée par Lucie Laurier. »

LadyW, interrompant à nouveau: «Ouache, non, ça je veux pas le savoir. Toi, mon beau Patrick, toi là, est-ce qu'on te voit (enfin) tout nu au grand écran?»

(Le silence est rempli d'anticipation. On entend un soupir découragé.)

PH: «Ben non. Ma nouvelle blonde voulait pas et mon agent m'a dit que de toute façon il fallait que mon interprétation soit plus subtile si je voulais gagner un Juno. La nudité, c'est pas assez subtil ça a l'air. »

LadyW: «Pfffft. Subtil, schmubtil. Je regrette mon Pat, mais tu t'es fait avoir. Une fois qu'on saura que ton interprétation est subtile mais toute habillée, les filles iront pas le voir ton film, parole de déesse dodue. »

10 avril 2007

"Accueille de la nouvelle associée"

La porte de la salle d’attente s’ouvre et la gentille dame des ressources humaines s’approche de moi avec douceur.

GDRH, avec bonté : «Madame W, je vous présente Rollande, l’adjointe de votre nouveau vice-président.»

Elle se tasse pour révéler une grosse rouquine qui ressemble étrangement à Guy A. Lepage en Madame Brossard de la rue Brossard à Brossard. Je m’attends à ce qu’elle dise «Oui allo!», mais je serai déçue.

Rollande, en mâchouillant son Excel extra menthe : «Envoye, déguedine la petite nouvelle des relations pubiques, j’ai pas juste ça à faire, moé, des "accueilles de nouvelles associées". Faut que j’sois revenue à mon bureau pour 9h10, Sonia pis moi on va fumer dans le stock room. »

Elle me tire par la manche et me pousse sans ménagement vers le corridor blafard. La porte des ressources humaines se referme au ralenti, comme dans une scène de Grey’s Anatomy quand le grand gaillard en civière qui joue au basket professionnel s’en va se faire amputer une jambe. Je me dis finalement que mon changement de carrière pourrait facilement attendre un an ou huit, rien ne presse, et que si je suppliais mon ancien patron, il me reprendrait sûrement, à moins qu’il n’ait déjà entendu les fâcheuses rumeurs d’utilisation de l’imprimante couleur à des fins personnelles (i.e. P-O-R-N-O B-E-S-T-I-A-L ) que j’ai immaturement répandues à son sujet avant de partir. Bien mal prise, je lui dirai que je voulais me venger de la fois au party de Noël où, malgré mes chaudes avances imbibées de Bailey’s Irish cream, il a choisi la belle Clara de la facturation pour danser un slow collé collé. (Ok, c’est pas vrai tout ça, mais c’est la survie de ma famille qui en dépend après tout. Bon ok, peut-être pas la survie, quand même l’été s’en vient, et le statut de déesse requiert de l’entretien coûteux et intensif). Il devrait être tellement pogné qu’il oubliera le reste et me réembauchera presto! CQFD!

Perdue dans mes pensées, je viens seulement de me rendre compte que nous avons pris l’ascenseur qui mène au quatrième sous-sol. La porte s’ouvre sur des murs en faux stucco noircis par l’exhaust et la mauvaise haleine. Rollande me pousse de toutes ses forces hors de l’ascenseur et me crie d’aller trouver Lisa pendant que les portes se referment. Son rire diabolique me résonne dans les oreilles bien après qu’elle ait débarqué au rez-de-chaussée.

Je m’engage dans le dédale du quatrième sous-sol, pour me retrouver toujours aux mêmes portes d’ascenseur. Je fouille dans ma sacoche désespérément pour trouver des petits cailloux que je pourrais laisser sur mon passage à la manière de Petit Poucet, mais manque de pot, je ne traîne plus ma collection de roches dans mon sac à mains depuis le 11 septembre. Don’t ask.

Finalement, je vois de la lumière qui émane d’une fissure dans le stucco. Euréka! Il s’agit d’une porte secrète. Enfin, je pense que c’est ça. Coûte que coûte, j’arriverai à l’ouvrir, parole de déesse dodue! J’ai un MBA, oui monsieur, je suis la relève, la prochaine génération de jeunes leaders dynamiques et innovateurs! Dès lors, je m’emploie à frotter, caresser, licher le stucco, mais sans succès. Un peu découragée, dans un geste teinté de désespoir, je retire mon châle de bohémienne, commence à détacher ma blouse et mon soutien-gorge avec l’intention de flasher mes totons à la maudite porte… Si c’est ça que ça prend…

Voix mâle horrifiée en arrière de moi : «Mais qu’est-ce que vous faites?»

La blouse toute ouverte, le soutien gorge en bataille, le châle en boule et le sac à main éventré à mes pieds, je me retourne. Yé, c’est mon nouveau patron, celui que j’ai rencontré une seule fois un gai matin d’été et qui m’a choisie pour occuper le poste prestigieux de conseillère en communications. Je me rends compte en plus que je porte, inexplicablement, mon vieux soutien-gorge d’allaitement super confortable mais qui pue un peu le vomi de petit bébé.

LadyW, essayant d’expliquer lamentablement : « C’est pas ce que vous croyez… C’est parce que là il y avait une craque, de la lumière… je voulais trouver Lisa, je pensais que c’était une porte secrète…»

Nouveau patron, se tournant vers son adjointe Lisa qui vient d’apparaître à ses côtés : «Appelle les ressources humaines, ils nous ont encore envoyé une folle. C’est la troisième ce mois-ci. Maudit que j’suis tanné, elles ont l’air ben correct en entrevue, pis là si c’est pas qu’elles sniffent du liquid paper, c’est qu’elles ont un coach de vie imaginaire, ou qu’elles se mettent toutes nues pis se frottent à du stucco…»

LadyW, en se rhabillant tant bien que mal : «Non, non, je vous assure, je suis normale, c’est un malentendu…»

Nouveau patron, blasé : «Ah oui? Alors comment ça se fait que votre châle est en feu?»

LadyW : «Ben là, je sais pas de quoi vous parlez… Mon châ…»

Je sens une odeur de brûlé et me rends compte que mon châle est en feu, probablement à cause de Lisa qui avait postulé pour la position de conseillère en communications. Nouveau patron fait semblant de ne rien voir, dégoûté par le soutien-gorge d’allaitement nauséabond. Et dire que je n'aurai même pas eu l’occasion de dévaliser le placard à objets promotionnels. Maudit. Les murs se referment, le quatrième sous-sol s’embrase et je me réveille.

4 avril 2007

Je ne vous oublie pas

Je vous ai un peu négligés cette semaine: c'est qu'en fait j'ai commencé une nouvelle job lundi et que je vais à Toronto aujourd'hui, alors entre aménager mon nouveau cubicule, avoir l'air intelligente au moins la moitié du temps et me friser le toupet tous les matins... Reste pas beaucoup de temps pour délirer...

Je vous prépare un billet sur Patrick Huard. À bientôt!