30 mars 2007

Le sexe des anges

Début de la tranche de vie : 14 mars 2007, 20h33

L’ambiance est paisible dans la chambre de Simon, lumière tamisée, décor rieur et ergonomique favorisant l’estime de soi et les apprentissages de motricité fine, un rêve d’harmonie et de stabilité affective quoi. LadyW, la maman adorée, raconte le ‘’livre de bébés’’ pour la trente-troisième fois. Simon, dans son pyjama favori de Petit Poulet déchaîné, est étendu en dessous de sa douce doudou.

LadyW : «…Pour faire un bébé, il faut de l’amour. Papa met dans le ventre de maman une petite graine…»

Simon, bon élève : «…Avec son pénis…»

LadyW, refusant de se laisser distraire de son objectif pédagogique : «…Et quand la petite graine rencontre l’œuf de Maman, un embryon va se développer et se transformer…»

Simon, avec conviction : «En pénis!…»

LadyW, un peu troublée : «Non mon chéri. La graine se transforme en bébé.»

Simon, qui y tient: «Mais le bébé va avoir un pénis.»

LadyW, résignée : «Oui, si c’est un garçon.»

Simon: «Parce que les filles ont pas de pénis. Les filles ont des vagins!»

LadyW, maudissant ses idées brillantes pour enseigner la différence entre les filles et les garçons et pressée de changer de sujet: «Oui, oui c’est ça. Maman parle tranquillement avec Lisa quand soudain elle pousse un petit cri. Vite, elle appelle Mamie. Bébé va arriver.»

Simon : «La maman a des bobos au ventre?»

LadyW, heureuse que les pénis soient momentanément oubliés : «Oui, parce que le bébé pousse pour sortir.»

Simon se tait, probablement pour assimiler ce concept essentiel. C’est bien : on n’est jamais trop jeune pour comprendre combien sa mère a souffert, et souffre encore, pour nous avoir mis au monde. Toute gratitude générée durant cette époque vulnérable pourra ensuite être transformée durant l’adolescence en sentiment de culpabilité…Hé hé hé.

LadyW : «À la clinique, une sage-femme contrôle les battements du cœur de bébé. Maman pousse…»

Je me rends compte que Simon ne m’écoute plus, et qu’il respire un peu fort. Ah, le petit amour s’est endormi. Je m’attendris un moment sur les chérubins de 4 ans : qu’ils sont doux, gentils, angéliques…Puis je vois qu’il a encore les yeux ouverts et qu’il tripote quelque chose en dessous de la doudou.

LadyW : «Simon, qu’est-ce que tu fais?»

Simon a l’air hébété un moment puis repousse la doudou pour révéler une solide érection.

Simon, l’air imbécile heureux : «Regarde, pénis tout dur. Touche!»

Je suis paralysée d’effroi. Mon petit bébé, mon ange. Stimulé sexuellement à la vue d’un dessin de femme au ventre énorme et visiblement en travail. Urrrgggh. Je le savais que j’aurais du le laisser baver sur mon catalogue de Victoria’s Secret. Si j’avais été moins obsédée par ma propre piètre vie sexuelle, si j’avais été moins égoïste, peut-être, peut-être aurait-il eu une chance de comportement sexuel normal…

Mari Chéri rentre dans la chambre à ce moment. Son regard se pose sur l’équipement de Simon dans toute sa splendeur.

Mari Chéri, avec fierté : «Wow. Mon fils à moi. »

Puis il me regarde et se rend compte que je suis au bord de la crise de nerfs. «Qu’est-ce qu’il y a?»

LadyW, estomaquée : «Qu’est-ce qu’il y a? Qu’est-ce qu’il y a? Ton fils de quatre ans ne fait pas encore la différence entre le bleu et le jaune, mais il sait comment jouer du gazou par exemple! Vous les hommes, vous êtes tous les mêmes : des bêtes! »

Mari Chéri vient pour répondre puis il se ravise : «Viens Simon, on va laisser ta pauvre mère névrosée tranquille. Je veux te montrer quelque chose dans l’atelier en bas. »

LadyW, toute excitée tout d’un coup : «Oui, c’est bon ça, excellente idée!!! Amène-le voir ton Hustler d’octobre 1991… La page 23 surtout, avec la pitoune avec le collier de perles enroulé dans le poil... Il n’est peut-être pas trop tard après tout. Bravo Papa! Tu es un génie!»

Fin de la tranche de vie : 14 mars 2007, 20h47

27 mars 2007

It's you and me babe

Une autre bombe sur la blogosphère ce matin: Mère Indigne nous quitte pour se consacrer entièrement à sa thèse.

Deux dans la même semaine: est-ce qu'on décèle un pattern? Est-ce que mars est le mois des lâcheuses?

Ben en tout cas, moi je reste au rendez-vous. J'ai un sac plein de niaisieries à vous raconter, et je suis accro à tout l'amour que je ressens à lire vos commentaires. On se lâche pas, ok?

26 mars 2007

The C-Word

Début de la tranche de vie: le 13 septembre 2004, 18h51, Sheraton de Boston

J'ouvre la porte à grand peine à l'aide de la petite carte magnétique car j'ai les mains pleines de sacs. Oui, ben les adeptes de la simplicité volontaire ne seraient pas épatés: quatre paires de souliers, treize bobettes cathédrale en stretch et 93$ US de makeup Sephora. Être une déesse dodue au Royaume des dodues comporte ses avantages – et ses périls pour la Visa.

J'enfile rapidement mon pyjama et ouvre la télé. Hum, Entertainment Tonight tire à sa fin, trop tôt pour Survivor. Je m'égare vers les canaux payants: j'ai le choix entre Anacondas, Dirty Dancing 2 ou Eurotrip. Pas fort. Je m'apprête à fermer la télé quand j'aperçois la bande annonce pour The L-Word, avec Jennifer Beals.

Moi Jennifer Beals, je l'adore. Depuis ses années Flashdance et son petit coton ouaté déchiré qui lui dénudait savamment l'épaule et ses numéros de danse avec la chaise qui ont longtemps alimenté mon répertoire à la discothèque 14-18 (en l'absence de chaise, j'avais adapté les moves pour un cadre de porte ou un siège de toilette), elle est depuis toujours pour moi l'incarnation même du sexe et du nec plus ultra en matière de métiers non-traditionnels. Bref, elle me plaît. Sans même lire la description, j'achète l'émission.

Pendant les publicités, je me commande une assiette de nachos au poulet avec une bière, calculant mentalement combien de consommations d'alcool se retrouveront sur mon compte de dépenses. 21 à date. Que voulez-vous: les conférences plates sur l'avenir des avantages fiscaux, ça me donne soif, très soif. Je ne suis d'ailleurs pas la seule, si je me fie à la délégation de consultants du Maryland avec qui j'ai foxé la dernière présentation sur ERISA au bar karaoké de l'hôtel. C'est moi qui vous le dis, des Bob poilus de Baltimore saouls, ça peut chanter "My heart will go on" avec beaucoup d'émotion. Tout comme les déesses dodues copieusement imbibées de Kir Royal peuvent interpréter Thriller et l'accompagner d'un moonwalk impec (avant de s'enfarger dans leur châle de bohémienne de Greenfield Park). Entécas.

Je m'installe sur le lit et l'émission commence. Ah, ok. Jennifer joue une lesbienne, pis elle a une blonde, Tina, mais elles ont des problèmes de communication. Jennifer est comme l'homme dans le couple (mais sans moustache ou amour malsain des ailes de poulet), pis Tina se prépare à tomber enceinte par insémination artificielle. Elles se chicanent quand vient le temps de choisir le donneur de sperme mais elles se réconcilient. Pendant, comme, 18 minutes. Avec la langue et d'autres parties intimes de leur anatomie féminine.

Au bout de 13 minutes, je commence à me demander sérieusement si je me suis trompée de canal. En plus il fait chaud, en tout cas, moi je trouve. Voyons, LadyW, t'es cool, que je me dis. T'as déjà vu ça des filles qui s'embrassent. T'es allée au cégep, et au Thunderdôme aussi.

Ça cogne à la porte. Jennifer et Tina ont l'air de s'être calmées, alors j'ouvre en espérant que le service aux chambres emploie des aveugles. Le serveur rentre dans la chambre et dépose le plateau sur la petite table. Exactement au même moment, la télé émet un miaulement d'extase qui fait trembler (en tout cas, on dirait) les murs de la chambre. Le serveur et moi nous retournons en même temps pour admirer Jennifer en train de frencher Tina à pleine bouche, la main enfouie profondément dans sa culotte. Avec un gémissement violent, Tina est arrivée à destination ça a l'air, et moi je suis de la couleur d'une pancarte de collecte de sang.

Serveur: «Ah, yes, The L-Word. Very good program, have you watched it before?»

LadyW, avec le désespoir de la honte: «NO! Oh God no. We don't have it in Canada!»

Serveur, l'air navré: «Pity. This is only the first season. By the third, it gets REALLY hot!»

LadyW, intéressée malgré elle: «You mean, hotter than this?»

Serveur, avec un petit sourire: «Oh yes. Trust me.»

Il me fait signer l'addition et sort discrètement, non sans m'avoir fait un clin d'œil coquin. Yé. Je l'imagine déjà dans les catacombes du Sheraton en train de raconter à ses petits amis de la buanderie que la petite madame à l'accent étrange de la 1016 est en fait une grosse cochonne dépravée qui boit toute seule dans sa chambre en écoutant du girl-on-girl porn entre deux spectacles de karaoké lascif au bar de l'hôtel.

Bref une autre journée ordinaire dans la vie de la déesse dodue.

Fin de la tranche de vie: le 13 septembre 2004, 19h38, Sheraton de Boston

24 mars 2007

À lire avant lundi

Deux choses:

1- Il faut lire l'excellent résumé des promesses électorales dans l'édition du 15 avril de L'Actualité: c'est vraiment révélateur de les voir côtes à côtes. Mettons que certains ne gagnent pas vraiment à la comparaison...

(Merci à Geekgirl qui a trouvé la version web au http://www.lactualite.com/elections/article.jsp?content=20070316_104914_4760 )


2- Geneviève annonce sur son site qu'elle quitte la blogosphère et je suis troublée: c'est vrai que bloguer c'est énergivore, mais de là à tout arrêter? Entécas.

Je travaille sur une tranche de vie sur les lesbiennes pour le prochain billet. À+

23 mars 2007

Un lecteur averti en vaut deux

Juste un mot pour vous dire que je changerai bientôt de plateforme car j'ai vraiment de la misère à patenter mes billets et en plus je n'ai pas de stats de circulation avec Blogger.

Je vous avise dès que le nouveau site sera prêt.

Pour en finir avec la politique

Je relis mon billet d'hier et je me rends compte que ce n'était pas un chef-d'œuvre de cohérence et de clarté. Au lieu de critiquer madame Payette qui de toute façon n'en a rien à cirer des opinions d'une déesse dodue de Greenfield Park, laissez-moi vous parler de ce qui me réjouit dans la campagne électorale actuelle (je sais que je vais probablement me faire blaster, mais rappelez-vous que je ne parle pas d'un parti en particulier):

1. C'est lefun que la famille soit à nouveau à la mode. Après que le fédéral ait remplacé tous les crédits d'impôt par des remboursements de prestations fiscales pour enfants (pour que les enfants défavorisés aient encore à manger passé le 20 du mois une fois que le chèque de BS est tout dépensé), et que le provincial ait pratiquement éliminé les allocations familiales pour quiconque gagne plus que 8 piasses de l'heure, les parents de la classe moyenne pouvaient se moucher avec les nombreux frais associés à élever des enfants. J'ai travaillé fort pour faire partie de la classe moyenne (à part au cégep, mais ça c'est une autre histoire), et j'apprécie qu'enfin mes gouvernements reconnaissent que mes enfants me coûtent cher. Je ne demande pas nécessairement de l'argent sonnant à tous les mois, juste l'opportunité de bénéficier d'un ou deux crédits d'impôt quand je remets ma déclaration à 23h57 le 30 avril de chaque année.

2. C'est aussi lefun que le choix personnel ait refait son apparition dans le spectrum politique. Enfin, on se rend compte que les coûteux programmes hyper-structurés de subventions/prestations/fonds incitatifs avec mille et une règles compliquées et autant d'opportunités de fourrer le système ne sont pas nécessairement la meilleure manière d'encourager les gens à prendre des décisions éclairées pour favoriser le long terme. Je suis convaincue que quand on traite les gens comme des adultes responsables et sensés, ils ne nous laissent pas tomber.

3. Je suis contente qu'on commence à questionner sérieusement des choix de société qui ont été effectués par les générations précédentes dans un contexte qui n'existe plus aujourd'hui. La survie du système de santé public est essentielle, mais son incarnation actuelle ne l'est pas. La médecine telle qu'elle était pratiquée dans les années 70 n'existe plus aujourd'hui grâce à la technologie et aux nouvelles connaissances: pourquoi est-ce qu'on insiste pour garder des structures et de nombreuses pratiques qui datent de cette époque?

C'est la même chose pour les frais de scolarité. Les universités québécoises de nos jours doivent faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour financer leurs opérations, alors que dans le fond leur job c'est de former les générations futures de travailleurs. Quiconque a déjà mangé du macaroni au V-8 cinq soirs de suite sait que le manque d'argent chronique tue la créativité et les grands projets. Pourquoi ne pas accepter que le prix de l'école augmente comme le prix du reste et que l'éducation supérieure est un investissement, pas un droit acquis? Pourquoi ne pas s'employer à trouver des manières de rendre le système plus intelligent et plus efficace? Les générations futures profiteront plus d'universités en santé financées à leur juste valeur que d'institutions fragiles dont le principal avantage est qu'elles ne coûtent pas cher!

4. Je suis heureuse qu'on fasse de l'environnement un enjeu important, parce que le rôle d'un gouvernement est souvent de protéger ce qui ne peut pas protéger tout seul. Je ne sais pas dans quelle mesure le nouveau parti au pouvoir sera capable d'équilibrer ses beaux principes environnementaux avec les exigences des grosses entreprises énergivores comme Alcoa et compagnie, mais d'en parler ouvertement est un pas dans la bonne direction.

5. Enfin, j'aime bien le show cette année: entre les déclarations épaisses de certains candidats de l'ADQ, la photogénie exceptionnelle d'André Boisclair (admettez-le qu'il est beau avec ses cheveux brillants et ses outfits métro-urbains) et la fausse controverse des accommodements raisonnables (moi cette année j'irai voter en g-string fuschia à paillettes tel qu'exigé par le code de vie des déesses dodues, aurai-je droit à ma couverture du Journal de Montréal? À suivre…), la campagne électorale cette année est tour à tour surprenante, pathétique, excitante et emmerdante. C'est presque aussi lefun que Taxi.

Enfin, je ne crois pas que de m'attendre à ce que mes gouvernements optimisent l'utilisation des impôts que je leur envoie à toutes les deux semaines, c'est faire preuve d'égoïsme et de MOI MOI MOI. Si ça veut dire examiner comment on utilise le filet social, responsabiliser les pauvres et les riches à ne pas gaspiller les ressources de la société et me faire clouer au pilori de la blogosphère québécoise, tant pis. Je suis, après tout, une déesse, je peux en prendre ; )

Ok là, ça fera. Le prochain billet marquera le retour à la légèreté, le sérieux m'épuise. Bonne fin de campagne à tous et à toutes!

22 mars 2007

Mon grain de sel

Pas facile de ne pas parler politique ces jours-ci dans mes billets. Mais après la promesse de l'ADQ d'accorder aux familles un montant de 100$ par semaine par enfant qui ne fréquente pas les établissements de garderie subventionnés par l'État, et les réactions qui ont suivi, j'ai de la misère à passer mes idées sur le sujet sous silence.

Lise Payette prétendait dans son éditorial dans le chic Journal de Montréal ce matin que c'était évident que la mesure annoncée par monsieur Dumont ne ferait qu'assujettir plus de femmes défavorisées monoparentales à la dépendance financière en les gardant à l'écart du marché du travail plus longtemps après la naissance de leurs enfants. Elle disait que 5200$ par année, ce n'était pas assez pour acheter les votes des Québécoises et que celles-ci ne seraient pas dupes lorsque ce serait le temps de voter le 26 mars prochain.

Moi je pense qu'un merci aurait été de mise.

On s'entend. 5200$ par année c'est des pinottes, surtout quand il faut payer les broches, l'orthophoniste, l'équipement de hockey, les tutus et les camps de clarinette. La plupart des femmes que je connais, moi incluse, ne seraient de toute façon pas prêtes à abandonner leur carrière pour cinq ou même dix fois ce montant, et c'est notre droit. Mais de là à dire qu'on en veut pas et que l'ADQ manque de respect aux femmes en leur offrant un montant pour élever leurs enfants à la maison au nom d'un raisonnement faussement féministe, là, j'embarque pas.

Dans mon livre à moi, n'importe quelle idée qui permet aux familles québécoises (et aux femmes en particulier) d'effectuer des choix véritablement adaptés à leur situation personnelle est une excellente idée. Élever des enfants de nos jours, ça prend de l'argent, certes, mais surtout de la disponibilité: disponibilité affective, disponibilité physique, disponibilité psychologique. Et c'est précisément ce qu'un parent à la maison peut offrir plus facilement.

C'est pas tout le monde qui trippe sur les garderies à 7$. C'est pas tout le monde aussi qui fantasme sur une plus grosse maison, une deuxième auto, ou un chalet dans le Nord. Par contre, tous les parents rêvent d'enfants intelligents et bien élevés, de familles heureuses et de relations harmonieuses. 5200$ par année, ça change pas le monde, sauf que ça permettrait peut-être à certains parents d'arrondir les fins de mois difficiles et de profiter plus pleinement de leur vie de famille. Et ça, ça vaut pas mal plus cher que 5200$.

(En passant, je n'ai pas encore décidé pour qui je voterai lundi prochain. C'est juste que j'haïs ben ça quand les bonnes idées sont sacrifiées au profit d'opinions partisanes qui ne profitent qu'à ceux qui les formulent.)

20 mars 2007

Le massage périnéal

Je me sens cheap. En relisant vos commentaires sur le billet des vacances en famille, je me rends compte que je véhicule, parfois, une image un tant soit peu, (comment dire, difficile? Apocalyptique? Franchement terrifiante?) , disons, grise, de la famille. C'est quand même pas si pire que ça, et afin de rassurer les futurs parents (et ne pas me faire accuser de tout défaire les belles politiques familiales de nos gouvernements, même si dans mon temps il n’y en avait pas et qu’on pouvait se moucher avec la dénatalité, mais c’est une autre histoire), je partage aujourd'hui avec vous un secret millénaire qui pourrait épargner aux femmes enceintes partout dans le monde bien des bains de siège humiliants commandités par le CLSC. J'ai nommé: le massage périnéal.

D'abord, une leçon d'anatomie. Pour l'ensemble d'entre nous, il s'agit simplement d'une noune, mais la dite noune est composée de plusieurs éléments aux noms très savants, dont, entre autres, le périnée. Le périnée est, d'après le Petit Robert, "la partie inférieure, plancher du petit bassin, qui s'étend entre l'anus et les parties génitales." C'est aussi la partie qui se déchire lorsqu'on expulse l'équivalent d'un melon d'eau de neuf livres et demie en sacrant après la gentille infirmière de 19 ans qui vous refuse le popsicle au raisin que vous désirez si ardemment, "au cas où on devrait vous faire une anesthésie". Petite bitch.

Revenons toutefois à votre périnée. Même s'il ne déchire pas, il est aussi possible que votre médecin choisisse de le mutiler en y faisant une incision, incision qui nécessitera ensuite des soins particuliers, comme des points de suture (beurk) et peut-être même des injections de morphine à toutes les quatre heures (non, pas vraiment, mais ça serait lefun, non?). La mutilation, c'est pas tellement grave, car ce n'est pas comme si vous pouvez admirer cette partie de votre anatomie dans la cabine d'essayage au Winners (à moins d'être tordue et très flexible), mais les points de suture c'est poche pour toutes sortes de raisons vraiment juteuses et douloureuses.

D'où ce billet. La bonne nouvelle, c'est que le périnée peut être entraîné pour l'accouchement grâce à une technique de massage vraiment très sophistiquée qui consiste à étirer le trou avec les doigts en utilisant un lubrifiant comme de l’huile d’amande. Mesdames, vous pourriez vous essayer toutes seules, mais à mon avis c’est le moment parfait pour habituer Papa à vous donner un coup de main (vous ne croyez pas si bien dire ; ) dans ces corvées impossibles qui sont imposées par Mère Nature en contexte de reproduction. Vous me remercierez lorsqu’il ira ensuite vous acheter des super méga pads maternité au Pharmaprix sans rechigner, ou qu’il acceptera de vous peindre les ongles d’orteils au dixième mois de grossesse en prévision de la position étriers.

Et votre médecin dans tout ça, vous me direz? Pas besoin de lui en parler si ça vous met mal à l’aise : il trouvera sûrement que votre périnée est vraiment souple et bien hydraté, et vous saurez que c’est grâce aux bons conseils de LadyW.

16 mars 2007

Marcel le violeur

(On entend souvent dire que les prédateurs sexuels ne sont pas nécessairement plus nombreux qu'avant, mais qu'à cause de l'Internet et des médias, la population est beaucoup plus susceptible de les repérer.

Ou de les imaginer?)

Début de la tranche de vie: le 12 mars, 21h41

AdoW, fermant son cellulaire l'air troublé: "Maman, il y a un monsieur weird qui m'a laissé deux messages sur mon cellulaire. Il dit que j'ai déjà travaillé pour les élections et me demande de le rappeler."

LadyW, distraite, en train de rêvasser au lancement du livre de Mère Indigne vendredi prochain: "Ben là, rappelle-le pour lui dire que c'est une erreur, que tu as juste treize ans."

AdoW: "Non. Je l'appelle pas. Il me terrorise."

LadyW, un peu surprise car AdoW a été gavé de X-Files et de Buffy dès son plus jeune âge: "Je comprends pas?"

AdoW, me garrochant le cellulaire: "Écoutes-le toi-même le message d'abord."

Cellulaire: "Bonjourrr Madame, mon nom est Marcel et je représente le Parti Québécois. J'ai vu que vous avez travaillé pour le parti dans le comté de Mouk Mouk lors des dernières élections, et je voulais vous demander si vous seriez intéressée à travailler le 26 mars. Appelez-moi demain au 514-555-5555."

J'essaie de voir c'est quoi le problème: "Mon chéri, pourquoi tu veux pas l'appeler? Il a l'air gentil?"

AdoW, catégorique: "Justement. Tout d'un coup que c'est un pédophile qui veut me violer?"

Je regarde mon grand dadais à peine moustachu, abasourdie. Puis, brièvement, j'imagine une conspiration du parti Libéral, l'intégration de messages subliminaux à la réforme pédagogique dans nos écoles, malencontreusement renforcés par André Boisclair avec ses grandes dents et son combo chemise-veston vert du débat des chefs. Enfin une raison plausible pour la pédagogie par projet, aussi machiavélique soit-elle.

Je me rends ensuite à l'évidence. Après des années à se faire dire de ne pas chatter avec des inconnus sur msn, à ne se rendre au parc qu'avec un cellullaire, minimum quatre amis et une can de mace, et à se faire reconduire partout partout partout, AdoW ne fait pas la différence entre un concours de circonstances et un véritable danger. À filtrer systématiquement la violence gratuite, la porno accidentelle (i.e. le film cochon des parents caché dans le tiroir de bas qu'on découvre en fouillant pour trouver une flashlight) et les situations potentiellement risquées, nous avons créé un monstre anxieux et dépendant.

LadyW, en soupirant: "Donne-moi le cell, je vais l'appeler pour toi."

Ça va être beau au cégep.

Fin de la tranche de vie: le 12 mars, 21h48

13 mars 2007

Les cinq secrets des vacances en famille réussies

(Pour ceux et celles qui rêvent encore de douce relaxation sur une plage des Tropiques avec Bébé qui couine tranquillement en mangeant du sable propre pendant que Papa beurre Maman de SPF15 en fantasmant sur la nuit d’extase qui les attend quand Bébé sera couché, la vision cauchemardesque qui suit n’est pas pour vous. Allez rêvasser ailleurs (http://disney.go.com/fairies/) et revenez demain.)

Ok, vous avez prévu pour le trajet en auto/avion/chaloupe :

Une douzaine de petits jus de pommes bio sans sucre ajouté que vos tout-petits délaisseront pour du Coke à la première occasion (tout comme vous délaisserez votre thé vert pour un margarita extra téquila svp pis ça presse, mon beau monsieur barman avec un anneau dans le nez);

Une collection modeste de DVD éducatifs un peu plates mais pleins de belles valeurs humaines avec un animal qui meurt et des petits enfants qui apprennent une leçon de vie importante, doublé d’un assortiment considérable de films des Power Ninja Ultimate Combat Extravaganza, bourrés de violence gratuite et de méchants aliens dont les costumes sont faits en bouteilles de Coke recyclées et où les monstres sont si réalistes que vous en avez déjà créés des presque pareils en plasticine lors d’un samedi soir bien arrosé;

Toute une allée de livres à colorier/crayons de cire/jouets cheapo du magasin à une piasse, qui auront tôt fait de se retrouver soit dans le nez de bébé (ou d’AdoW, mais là vous avez un problème plus important qu’un long tour de machine), soit fondus sur la banquette arrière de la Mercedes de collection de Mari Chéri, soit pulvérisés avec une force surprenante dans un accès de rage du dit Mari Chéri (qui, pauvre homme, ne peut pas boire de margarita avant d’arriver à destination).

Vous êtes prêts pour toutes les éventualités, non? Puisque je sais que vous comptez maintenant sur LadyW pour vous guider sur la route tortueuse de la vie de déesse (ou pour vous faire sentir mieux qu’il y en a des beaucoup plus mal foutus que vous), je me dois de vous dire les vraies affaires. Vous. N’êtes. Vraiment. Pas. Prêts.

La bonne nouvelle, c’est que dans la dernière semaine j’ai eu plein de temps (plus précisément deux fois 560 kilomètres) pour vous concocter un petit guide de survie pour parents désespérés. Voici donc les cinq secrets des vacances en famille réussies :

1. Le mot vacances n'est pas nécessairement le plus approprié. Au risque d’avoir le tribunal de Nuremberg à mes trousses, je qualifierais tout séjour avec des enfants dans un pays étranger comme un genre de camp de concentration, mais avec des Swimmers et de la booze (si vous êtes chanceux). Dans votre camp, vous avez le lieutenant tortionnaire (AdoW), le gardien sadique (Simon, qui vous garde de toute chose potentiellement lefun pour un adulte), le compagnon de misère rachitique avec qui vous partagez un peu de chaleur humaine lorsque le lieutenant et le gardien ont le dos tourné (Mari Chéri), et le public de lecteurs de blogue qui vous permettra de vous libérer de vos démons à votre retour, un peu à la manière d’Anne Frank.

2. Il ne sert à rien d’acheter plein de nouveaux vêtements aux enfants avant de partir. Environ un morceau sur trois sera perdu, endommagé ou enduit de crotte de mouette (et devra être donné au Village des Valeurs car Simon le désignera à jamais comme ‘’Beurk, Caca, Oiseau’’, et refusera de le porter).

3. Dans la même veine, apprenez à lâcher prise. Lorsque les sandales GEOX à 80$ de Simon sont laissées à la piscine sans surveillance et disparaissent mystérieusement, il ne sert à rien de passer le reste des vacances à inspecter les pieds des autres petits enfants dans l’espoir de les retrouver. De toute façon, même si vous les retrouvez dans les pieds d'un petit américain du Bronx, la sécurité de l’hôtel ne vous sera d’aucun secours même si vous avez une photo un peu floue des dites sandales avant leur disparition.

4. Les Kiddie Clubs n’existent pas. Jusqu’à preuve du contraire, les clubs pour enfants sont un mythe entretenu par les voyagistes pour vendre des forfaits tout inclus à des jeunes parents abrutis par les nuits blanches. Le plus souvent, il s'agit d'un Nintendo 64 enfoui dans une hutte en paille et surveillé par une gentille nymphe édentée qui ne parle pas français, ou anglais d'ailleurs. Quant aux clubs pour ados…j'imagine qu'il faut être reconnaissants qu'on cherche à les divertir pour nous, même si ça veut dire les initier à la bouteille caliente ou leur installer une petite tente à côté du buffet à volonté.

5. Profitez du chaos. C'est correct si pour une semaine de leur courte vie, les quatre groupes alimentaires se traduisent par crème glacée, Cheez Doodles, croquettes et jujubes. Pensez-vous vraiment que cette quatrième assiette d'ailes de poulet extra piquantes accompagnée de multiples chopes de cerveza froide est un exemple édifiant d'alimentation équilibrée? Vous êtes en vacances. C'est pas grave si AdoW rentre à l'aube tous les soirs accompagné d'une forte odeur de cigarillos et si Simon insiste pour porter le même pyjama Petit Poulet jour et nuit. Le couperet de la réalité leur tombera dessus bien assez vite au retour à la maison. Hé hé hé.

Voilà. Une déesse avertie en vaut deux. Et pour ceux qui veulent savoir comment ont été mes vacances, je vous dirai que le compagnon de misère rachitique et moi planifions déjà notre prochain voyage. En couple et sans croquettes.

12 mars 2007

La journée de la femme

Merci à l’interventionniste qui a repris le flambeau de la débilerie avec brio pour nous pondre un billet désopilant sur la journée de la femme :

http://interventionniste.over-blog.com/article-5943393.html

Vous ne trouvez pas ça étrange que la journée de la femme tombe en plein dans la semaine de relâche, ce temps béni de l’année pour des milliers de femmes/mamans? Entécas. Je termine mon billet sur les vacances en famille et on se reparle demain.

2 mars 2007

LadyW does ze relâche

Juste un petit mot pour me vanter que je pars en voyage!!!!!!!!!! J’apporte le portable et j’espère trouver le temps de vous pondre qqchose entre deux concours de lambada lascive, mais il est aussi possible que je sois trop paquetée...euh... occupée pour être créative… On verra!

Bonne relâche à tous les parents et autres âmes en peine!

Mon ami Wajdi

J'ai un ami célèbre. Ok, on ne s'est pas parlé depuis des lustres, il ne me mentionne jamais dans ses entrevues à Radio-Canada, mais je sais que j'occupe une place spéciale dans son cœur. En tout cas, je pense bien. Enfin, j'imagine.

On avait 16 et 18 ans, et on s'est fréquentés quelques mois. Pas la peine de contacter le Lundi (''la Déesse dodue et l’Auteur songé : vingt ans d’amourrrrre!''), rien de croustillant, rien que des plaisirs strictement intellectuels, des soupirs aspirant à plus (mes soupirs plus que les siens j’avoue) et une amitié bâtie sur une attirance mutuelle. Je le trouvais beau et spirituel, il me sentait trop gourmande et dégourdie à son goût. Ça n'a pas marché, pas comme ça en tout cas, et pourtant…

Et pourtant, nous étions de bons amis, voilà. Je me rappelle bien la dernière fois que je l'ai vu, à l'automne 1991. Je me mariais dans deux semaines, avec Mari Chéri, que vous connaissez déjà, et qui méritera bien son propre chapitre de gentillesses bientôt. Wajdi et moi avons partagé des Dim Sum, parlé de nos aspirations, de nos rêves. Il m'a dit qu'il finirait sa vie tout seul, je ne l'ai pas cru, et pourtant…J'étais secrètement contente: lui qui m'avait rejetée, et moi qui avait trouvé mon quelqu'un si facilement. La vie est bien douce sur le moi parfois.

Deux ans plus tard, j'attends mon premier fils et je passe en avant du Théâtre St-Denis. C'est une de ses pièces qui est à l'affiche, un de ces thèmes évocateurs et vaguement fantastiques qui lui ont toujours plu. Mon quotidien me semble bien insipide tout d'un coup, je ne peux m'empêcher de jouer à si…S'il avait voulu de moi…Si j'avais insisté... S’il n'y avait personne d'autre…

Ce soir-là, je lui écris. Je lui parle de ma vie, de mon enfant, je l’invite à me téléphoner. J'ai la tête remplie d'images de soupers intimes à la maison, de conversations animées sur l'avenir du théâtre québécois, de silences gênés quand mon chum veut aller se coucher parce qu'il trouve ça plate, et que nous voulons continuer à parler. De regards furtifs, de désirs inavoués. Je lui présenterais sa première épouse, une fille qui me ressemble un peu mais pas trop, peut-être pourrons-nous collaborer pour sa prochaine œuvre? Je lui poste la lettre chez son frère le lendemain.

La lettre est restée sans réponse. J'aime à penser que c'est parce qu'il ne l'a jamais reçue, ou qu'il est jaloux de mon bonheur. Ceux qui savent que je le connais me parlent parfois de lui, de ses grands principes qui lui jouent parfois des tours, de son génie. Je me contente de sourire distraitement, d'acquiescer: c'est vrai qu'il est brillant. Dommage qu'il soit si malheureux en amour.