4 décembre 2007

Maternelle

Début de la tranche de vie: le 4 septembre 2007, 9h14

Gentille professeure de maternelle: «Alors là les amis, vous allez sortir le macaron que vous avez colorié à la maison et le mettre autour de votre cou avec votre bout de ficelle bleu ciel pour représenter l'espoir, qui est notre thème pédagogique cette année (tel qu'expliqué en détail dans la communication complète que nous avons diligemment fait parvenir à vos parents au mois de février).»

Macaron? Macaron? Quel macaron? Je fouille désespérément dans l'enveloppe brune pleine de papiers de nature déplaisante comme pour les poux, le genre de collations permises (chou bleu bio avec une touche de salsepareille si, horreur, vos petits sont habitués aux goûts sucrés), et bien sûr, la litanie de règles de vie inspirantes que mon petit loup ne manquera pas d'enfreindre dès sa première demi-heure dans un environnement sans Game Boy. Je trouve enfin un bout de papier chiffonné avec une image de colombe et une vague de soulagement me submerge: une colombe c'est blanc, non? Pas besoin de la colorier. Il ne reste donc que le problème de la ficelle bleue à régler. Pour une minute, je pense à voler la ficelle de son petit voisin (qui est de toute façon en position fœtale en dessous de la table), mais le regard féroce de la mère du petit Ricardo fraîchement débarqué de Colombie me fait vite oublier la triste option.

GPDM: «Nous allons commencer par faire un beau dessin.»

Yééé! Un dessin, ça on est capables. Le petit Simon s'installe avec ses tout nouveaux super Crayola lavables, et commence à tracer la silhouette d'une maison. Ah oui, c'est bon ça une maison. Dernièrement, il trippait plus sur South Park et notre frigo est tapissé de dessins de cadavres de Kennys et de Cartman sans pantalon, bref, une maison, c'est correct. La gentille professeure s'approche de nous. Je lui souris, pleine de fierté et de confiance en mes capacités de mère enveloppante.

GPDM: «Elle est jolie ta maison, Simon. Vas-tu aussi dessiner ton papa et ta maman?»

Simon, qui vient de s'emparer du crayon rouge: «Ben non, la maison les a mangés. Regarde madame, y'a plein de sang partout!» Et Simon de barbouiller une marre de sang écarlate immense autour de la maison carnivore.

GPDM, qui en a manifestement vu d'autres: «Et la maison, est-ce qu'elle mange juste les papas et les mamans, ou aussi des hippopotames, des bicyclettes et des zucchinis? »

Je regarde la GPDM avec admiration. Wow. Elle a réussi à discerner une opportunité d'enseignement dans le dessin débile!

Simon, d'un ton excité : «Oui, oui, elle mange très plein de choses, des pogos aussi. Puis elle pète et fait caca. Ha ha ha ha!» Un tollé de ricanements enfantins accueille la déclaration de Simon, accompagné de regards noirs des autres parents. Maudit. Premier jour d'école, et mon petit chérubin adoré sera déjà pointé du doigt comme une mauvaise influence. Je dois sauver la situation.

«Simon, prends le crayon vermillon et dessine-moi une belle fleur. »

Simon, tout fier: «Oui! Une fleur de pipi avec des pétales de vomi!»

Fin de la tranche de vie: le 4 septembre 2007, 9h21

1 commentaire:

Anonyme a dit...

On aime donc nos enfants, surtout quand ils dorment... ;p