21 mai 2007

Almost Famous Dodue style

Brute-chauve-pas-fine : «Madame, vous pouvez pas apporter ça en dedans : toute nourriture achetée à l’extérieur est interdite.»

LadyW, offusquée mais mielleuse: « Je les ai pas achetés mon p’tit gars, je les ai faits avec mes mains ces beaux cupcakes-là. Tiens, en veux-tu un? Regarde comme il a l’air bon le crémage rose avec Jonas épelé en sprinkles multicolores… »

BCPF, ébranlé : «Euh, non. Allez les porter dans votre auto ou vous pourrez pas rentrer.»

LadyW, marmonnant : «En tout cas, ça serait pas arrivé au show de Michael Bublé, non monsieur. Michael lui il apprécie les marques d’affection de ses fans…Ah oui. Dire que j’ai même mis des graines de lin moulues dedans pour que ça soit plus nutritif…»

Mari Chéri, gêné, avec un signe de tête à BCPF : «Viens-t’en ma belle, c’est pas grave. Je vais aller à l’auto, toi vas-y, je te rejoins en dedans…»

LadyW, qui vient d’avoir une idée : «Non, non, c’est correct. Vas-y toi… On se voit tantôt.»

Je retourne sur mes pas, vers la porte que j’ai aperçue plus tôt, où plusieurs individus louches enfilent une cigarette après l’autre et semblent généralement avoir besoin soit d’une cure à la méthadone, soit d’un bain au Lysol ou des deux assortis d’une bonne dose de Nix. Instinctivement, je sais que les techs sont ma seule chance d’acheminer mes cupcakes au Rock God de Chateauguay.

Sauf que visiblement je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée brillante. La porte est maintenant fermée et une dizaine de matantes fourmillent tout autour, affublées de contenants et cloches de toutes grandeurs.

LadyW, innocente : «C’est quoi, tout ça? Vous avez apporté de la bouffe?»

Une-Gilberte-aux-cheveux-rouges-et mèche-bleue : «Certain. Mes fameux sablés à la cardamome et fleur d’oranger. Enrique Iglesias en a parlé sur son blogue la dernière fois qu’il était à Montréal…»

Normande-bronzée-à-la-voix-énervante : «Et moi mon nougat aux pistaches parfumé à l’eau de rose. Justin Timberlake m’a demandé la recette à sa fête.»

Je commence à trouver la compétition un peu forte à mon goût quand la porte s’ouvre brusquement.

Autre-brute-chauve-pas-fine : «Jonas a un petit creux… Y’en a tu une de vous qui a des Cheez Doodles, Doritos ou des ailes de poulet?»

Un murmure de déception parcourt la foule. Puis une Rolande-ronde-aux-dents-croches lance avec fierté : «J’ai des grissinis au Parmesiano Reggiano et poivre vert!»

ABCPF, impatient : «Ok, donne-moi les. Ben mal pris, il les mangera avec du ketchup.»

Rolande, pleine d’espoir : «Est-ce que Jonas peut autographier mon Tupperware?»

ABCPF, professionnel : «Malheureusement non. Tous les contenants seront donnés à l’organisme ''Tupperware pour l’humanité'' qui fournit des plats de plastique aux parents des pays en voie de développement pour les encourager à préparer des lunchs nutritifs à leurs enfants pour l’école.»

Il s’apprête à refermer la porte quand, dans un moment de désespoir, je garroche le contenant de plastique de toutes mes forces dans l’ouverture en faisant une petite prière à Sainte-Nigella, patronne des cupcakes. La porte se ferme et le troupeau de madames déçues se dirige tristement vers la porte d’entrée du spectacle.

Une fois à l’intérieur, je cherche Mari Chéri pendant quelques minutes, mais le spectacle commence avec une version frénétique de Supersexme qui me fait oublier mari, enfants, blogue et patrie. Le spectacle se passe sans incident, enfin si on ne compte pas la chicane de Ginette et Mariette en avant pour un kleenex sale lancé par Jonas, et qui se soldera par la perte d’un sourcil pour l’une et probablement une reconstruction du cuir chevelu pour l’autre.

Lorsque les lumières s’ouvrent enfin, je me rends compte que Mari Chéri est toujours MIA, et je décide de l’attendre en m’infiltrant dans les coulisses. Manque de pot, je suis immédiatement interceptée par Brute numéro 3 qui me montre diligemment la porte vers le stationnement. Rendue dehors, je me rends à l’évidence que je ne développerai jamais une relation passionnée mais chaste avec Jonas, fondée sur une admiration et un respect mutuels et un amour inconditionnel de Whitesnake (beurk, mais je ferais un effort), et que je suis mieux de retrouver Mari Chéri qui a, après tout, les clés du char. Je compose son numéro de cellulaire.

Mari Chéri : «Yello?»

LadyW, un peu malhonnête : «Bébé, t’es où? Je t’ai cherché partout!»

Mari Chéri : «Ah, je m’excuse. J’ai rencontré d’autres gars pis on a joué aux cartes dans le stationnement en écoutant Howard Stern sur la radio satellite. Je t’attends dans l’auto.»

En ouvrant la porte de l’auto, j’aperçois mon contenant à cupcakes vide sur le siège arrière.

LadyW, estomaquée : «Qu’est-ce que tu fais avec ça?»

Mari Chéri : «Ah, ben j’ai pensé que tu voudrais le ravoir. Jonas te fait dire que c’est les meilleurs cupcakes qu’il a jamais mangés. Je pense qu’il a en dévoré au moins sept, jusqu’à ce que son manager lui fasse remarquer que ses pantalons de cuir étaient un peu serrés. Tu sais, il est correct, Jonas, pas vite vite, mais un gars correct. Je pense que tu t’entendrais bien avec.»

4 commentaires:

Anonyme a dit...

Bravo! Bourré de réalisme!

Accent Grave

Cath a dit...

Hihi!
J'adore!

Anonyme a dit...

lolll
jonas,...quelle bête!!

Anonyme a dit...

«(...) mais le spectacle commence avec une version frénétique de Supersexme qui me fait oublier mari, enfants, blogue et patrie.»

Voici une phrase qui résume parfaitement ce qu'est une vraie groupie. J'ai ce côté là en moi et je l'assume avec bonheur même si je sais que ça fait freaker d'autres personnes.