29 juin 2007

Déesse ténébreuse

Ok, je manque d'inspiration ces jours-ci. Je suis au régime et je vous prépare un billet sur les cinq vérités d'une déesse à la diète. En attendant, je vous invite à admirer Amy Winehouse avant qu'elle se trouve un style qui ferait jaser, genre beehive monstrueux et maquillage croûté. C'est aussi une bonne chanson, capiteuse à souhait.

19 juin 2007

Écart générationnel

Des fois je me dis que j'ai fait une trop bonne job de donner confiance en lui à AdoW... Je lui fais des reproches pour une note minable en projet-personnel-d'apprentissage (ou il fallait qu'il mime un complément circonstanciel mettons...), il me dit que le prof le déteste... Je lui fais remarquer que sa chambre est une honte dégueulasse, il me suggère gentiment de fermer sa porte... Je le menace de jeter ses bas crottés aux vidanges, il me répond que de toute façon ils sont laids!

Dans mon temps, on avait franchement peur de nos parents, surtout lorsqu'on se faisait prendre à tricher/sniffer-de-la-colle/fumer/boire/voler-des-sacoches-au-centre-d'achat etc etc... Maintenant, ils ont des mots savants pour ça: trouble d'adaptation, "borderline personnality", dysfonction psychique... Et parce qu'ils ont des mots pour les décrire, c'est comme si n'importe quelle paresse intellectuelle ou comportement imbécile devait être non pas toléré, mais pleinement accepté "parce qu'au moins ils font des efforts..."

Entécas. Tout ça pour vous inviter à lire l'excellent billet de Stéphanie Kennan sur lesaffaires.com à propos de la vrèman-super-tripante-réforme-scolère qui deviendra un cauchemar pour le marché du travail dans 10-15 ans. Soulignons tout particulièrement la citation d'Océane au 6ième paragraphe, effroyable de tant de réalisme. D'ailleurs, je pense qu'elle fait partie des amis d'AdoW sur Myspace...

14 juin 2007

Baby boomers en cavale

Début de la tranche de vie : jeudi le 14 juin, 17h34

Je suis en train de préparer un repas nutritif-et-savoureux quand le téléphone sonne.

LadyW : «Allôôôô?»

MamieW, enterrée par un bruit d’engin infernal : «Allô, Lady? Je t’entends pas bien.»

LadyW : «Maman, t’es où? C’est comme si tu étais à l’intérieur d’un moteur de 747!»

MamieW, fièrement : «Ton père et moi on fait du parapente au Guatemala! On est partis ensemble tout à l’heure, mais je me suis perdue dans la jungle et un groupe de rebelles m’a kidnappée. En tout cas, je pense que c’est des rebelles, ils ont des t-shirts déchirés et des mitraillettes? Peut-être que ça fait partie de l’excursion… Je trouvais aussi que c’était cher…Tout d’un coup qu’il y avait un faux kidnapping surprise inclus dans le forfait?»

LadyW, qui en vu d’autres : «C’est l’fun… Pis là, t’es où exactement?»

MamieW : «Ben là, c’est comme une vielle Mazda 626 remplie de navets. La route n’est vraiment pas très belle, tout à l’heure on s’est fait attaquer par un troupeau de lamas. Tu sais que ça mord fort ces bibittes-là?»

LadyW, impatiente : «Oui, ok. Là maman, je prépare le souper pis AdoW doit aller fumer des cigarillos avec les petits voisins en arrière du Couche-Tard. Tu me raconteras tout ça en fin de semaine?»

MamieW, songeuse : «Oh, je suis pas sûre. Ton père a des billets pour jouer au golf avec Tiger Woods au Royal Aberdeen.»

LadyW : «Ok, la fin de semaine d’après d’abord?»

MamieW : «Non, ça marchera pas, on a le mariage de la fille de notre femme de ménage, tsé celle avec le pied bot?»

LadyW : «Ok…La prochaine fois qu’on se verra?»

MamieW : «Je pense qu’on a un mardi soir de libre en octobre.»

LadyW, mi figue-mi-raisin : «Ben oui, on pourra en profiter pour fêter Noël!»

MamieW, enchantée : «Quelle bonne idée! Toi t’es vraiment une fille pratique! Comment vont les enfants?»

LadyW : «Tu sais m’man, c’est plus vraiment des enfants. AdoW vient de gagner le prix Nobel en médecine et Simon s’est engagé dans l’armée israélienne…»

MamieW, distraite : «C’est bien, c’est bien. Faut que je laisse, je pense qu’on est rendus à la frontière du Honduras. Aille sais-tu comment on dit ça, paquet de cigarettes menthol en espagnol?»

La ligne coupe et je me dis que j’ai bien hâte de choisir leur résidence pour personnes âgées.

Fin de la tranche de vie : jeudi le 14 juin, 17h37

13 juin 2007

Président paqueté

Je ne sais pas pourquoi, mais ça me réjouit de voir que même les présidents ne sont pas à l'abri du fameux lunch bien arrosé... N'empêche que c'est pas Harper ou Dion qui nous ferait plaisir de même!

12 juin 2007

Revanche des nerds

Voici la preuve que Pierre Lapointe et Stéphane Dion n'ont rien inventé, et qu'en 2007 les faux-dandy-nerds-qui-s'habillent-au-Chateau-et-qui-lisent-du-Boris-Vian-pour-le-fun-entre-deux-gorgées-d'absinthe pognent encore.

8 juin 2007

À la rescousse de Desjardins

Puisque je sais que vous venez me lire pour réfléchir (ou pour entendre parler de poils, pénis ou Patrick Huard, ça dépend…), permettez-moi de me porter au secours d'une entreprise qui en a vraiment besoin, et qui ne dispose pas d'une armée de conseillers en relations publiques aux salaires faramineux pour broder une histoire qui a de l'allure. M'enfin.

Je parle du Mouvement Desjardins et de la tendance fâcheuse des Québécois à avaler tout rond n'importe quelle controverse savamment tricotée par nos médias en manque de Loft Story et de Karla Homolka.

Voici le résumé de l'affaire. C't'une fois un terrain vague en banlieue de Montréal qui a servi de dépotoir lors de la construction du tunnel Hippolyte-Lafontaine. Ce terrain a été acheté dans les années quatre-vingt par une méchante compagnie d'assurance qui voulait sûrement faire du gros cash sale sur le dos des pauvres petits oiseaux vert fluo (à cause des rebuts chimiques) et pneus percés sans défense qui y avaient trouvé logis. Pendant de nombreuses années, la compagnie a entretenu le terrain, payé les taxes municipales s'y rattachant et a même tenté à maintes reprises de le vendre au gouvernement du Québec à prix d'ami pour agrandir le parc des îles de Boucherville. Le gouvernement québécois fait la contre-offre alléchante suivante: Desjardins pourrait donner le terrain au parc de Boucherville, et bénéficier du généreux programme de don écologique du gouvernement fédéral (!). La ville de Longueuil quant à elle plaide le manque d'argent et se désespère probablement de voir des millions de dollars en revenus de taxes potentiels lui glisser entre les doigts à cause des bonnes intentions du géant vert (c'est correct, car elle se rattrapera quelques années plus tard avec les fusions municipales qui transformeront les millions en milliards de toute façon).

En 2006, un promoteur véreux (même s'il ne l'est pas, c'pas grave, c'est plus sexy) offre d'acheter le fameux terrain et s'engage non seulement à le décontaminer mais aussi à respecter les recommandations des études environnementales réalisées jusqu'à maintenant. En échange, Desjardins réalise un profit modeste mais surtout récupère son investissement initial, ce qui lui permet par ailleurs de remplir sa responsabilité fiduciaire de bien administrer l'argent de ses membres. Tout le monde est content, on écrit le communiqué de presse, et rendez-vous en 2009 pour la visite d'un magnifique faux manoir de 7200 pieds carrés avec vue sur la 20.

Not.

La nouvelle de la transaction soulève un tollé de protestations de toutes parts, et nombre de lettres à l'éditeur sont envoyées aux quotidiens montréalais. Les mots capitalisme sauvage sont utilisés. Des petits malins qui auraient été incapables de situer l'île Charron sur une carte la semaine dernière débarquent avec leurs appareils photos afin de croquer des images de chevreuils gambadant gaiement dans la végétation fragile. C'est donc laid le développement quand on met en danger l'Environnement avec un grand E.


Sauf que… Mettons que c'est facile de parler de protection de l'environnement confortablement assis à son ordi un mardi soir quand personne ne fouille dans nos poubelles pour voir si on a recyclé, composté, consommé de façon responsable… Mettons aussi que quand il faut choisir entre la rentabilité de ses placements personnels et le mieux-être de la collectivité, la collectivité ne gagne pas souvent. Enfin, mettons que même si des fois on voudrait poser un grand geste humanitaire, les circonstances et nos moyens nous forcent à calmer notre joie. Desjardins est une grande entreprise certes, mais elle aussi aux prises avec les mêmes problèmes de cohérence que vous et moi. C'est juste l'étendue qui change.

Je ne dis pas qu'ils ont bien fait de vendre le terrain à un promoteur qui compte construire mille millions de condos potentiellement affreux sur un petit coin de terre qui faisait la joie de plusieurs cyclistes du dimanche. Je dis juste que c'est dangereux de décrire ce genre de véritable dilemme éthique comme un conte de Walt Disney avec Bambi et le méchant chasseur qui veut lui faire la peau.

4 juin 2007

Pizza Story

Début de la tranche de vie: dimanche 3 juin, 17h23, Pizza Hut quelconque de la Rive-Sud de Montréal

Simon: «Crème glacée! Crème glacée!»

LadyW: «Mon ange, comment qu'on demande ça?»

Simon, bon élève: «Je-veux-de-la-crème-glacée-s'il-vous-plaît.»

LadyW: «D'accord mon chéri, mais avant il faut que tu manges toute ta pizza.»

Simon se dépêche de terminer toute son assiette en évitant soigneusement toute substance végétale autre que la sauce tomate, pendant que Mari Chéri et moi discutons d'un sujet de la plus haute importance, soit les fabuleux cadeaux de fête que je recevrai sous peu… Je sens un projectile mouillé glisser le long de mon mollet sous la table.

Simon, désolé: «Ah non, échappé pizza.»

LadyW, distraite: «…J'te dis juste qu'une deuxième hypothèque sur la maison c'est bien peu pour que ton épouse adorée réalise son rêve de toujours, enregistrer un album de covers de Donna Summer… Tu sais un rêve, ça n'a pas de prix… Simon, qu'est-ce que tu fais? J'ai dit toute la pizza. Dépêches-toi. »

Simon engouffre les derniers morceaux de son assiette puis disparaît sous la table.

Simon: «Maman, tasse ton pied.»

LadyW: «…Ok, ok, c'est vrai que les grands distributeurs ne seraient peut-être pas très ouverts, mais tu sais ben mal pris, je pourrais les vendre avec un infomercial sur TQS. Y'a une fille au bureau, son neveu a vendu des milliers de kits à pantoufles en Phentex comme ça! Simon, qu'est-ce que tu fais là-dessous?»

Simon, tout fier, la bouche pleine de pizza poilue: «Simon mangé toute la pizza maman! Peut avoir crème glacée maintenant?»

Fin de la tranche de vie dégueu: dimanche 3 juin, 17h27, Pizza Hut (que nous espérons assez bien entretenu) de la Rive-Sud de Montréal